« 93 plus que jamais » par Alain Willaume et Bertrand Meunier (Tendance Floue)

par Wipplay
© Tendance Floue

La raison d’être du collectif Tendance Floue est la mise en commun d’expériences et d’idées pour aborder des sujets de société et bousculer les points de vue. Suivant la nature des projets, les 13 photographes du collectif vont s’associer selon les envies, suivant les affinités. Le nombre d’intervenants n’obéit à aucune règle particulière. Alors que la série « La Mer et le Sacré » réunissait 7 photographes (Pascal Aimar, Denis Bourges, Mat Jacob, Meyer, Patrick Tournebœuf, Flore-Aël Surun, Alain Willaume), le projet qui nous intéresse ici ne concerne que 2 d’entre eux.

Alain Willaume et Bertrand Meunier du collectif Tendance Floue © Arte Journal
Alain Willaume du collectif Tendance Floue © Arte Journal

Depuis 2013, Bertrand Meunier et Alain Willaume ( expert Wipplay / jury au concours FOGGY) travaillent sur la série « 93 Plus que jamais », une immersion en Seine-Saint-Denis, loin des caricatures. En mars 2016, la chaîne Arte les avait suivis le temps d’un reportage en 5 épisodes. Le projet sera exposé au Centre culturel André Malraux du Bourget à partir du 30 mars 2017, dans le cadre du Mois de la Photo.

À la découverte d’un territoire

Sans itinéraire précis, les deux photographes marchent au hasard, traversant certaines villes du département comme Le Blanc-Mesnil, Pierrefitte ou Drancy. Dans l’oeil des photographes ? La recherche d’images capables de révéler la réalité telle que les habitants du quartier la perçoivent. Il s’agit notamment de tordre le cou aux clichés désignant ces villes comme des quartiers peu fréquentables. Face à de tels enjeux, Alain Willaume est bien conscient des travers de l’exercice : « Il faut tenir un équilibre entre la stigmatisation de ces lieux et l’angélisme. Il n’est pas question de rendre ça beau, d’enfoncer l’histoire. »

93 Plus que jamais © Tendance Floue
93 Plus que jamais © Tendance Floue
93 Plus que jamais © Tendance Floue

« Tenir un équilibre entre la stigmatisation de ces lieux et l’angélisme. Il n’est pas question de rendre ça beau, d’enfoncer l’histoire. »

Les photographes cherchent à faire éclore un vocabulaire nouveau pour évoquer les terres ignorées de l’un des plus grands départements de France, mais aussi l’un des plus déshérités. Au-delà des voies ferrés, des pavillons silencieux et des tours oubliées, Alain et Bertrand réalisent également des portraits.

La sincérité du portrait

Au fil des rencontres, Alain et Bertrand échangent avec les habitants qui livrent leurs impressions sur la ville avant d’être photographiés. Alain Willaume se confie à la caméra d’Arte : « J’aime bien quand le modèle rentre à l’intérieur, parce que du coup, il dégage quelque chose vers l’extérieur qui est très beau ! » Les deux photographes fuient la caricature pour l’authenticité, la réalité des choses vécues.

93 Plus que jamais © Tendance Floue

Chaïnaise – une jeune habitante de Pierrefitte – décrit les habitants de sa ville comme des gens vrais : « Je les vois comme des héros tragiques. Les gens d’ici, sans le savoir, sont confrontés à plus de dilemmes cornéliens que le reste de la population ». Sans aller jusque-là, les portraits capturés par les deux compères de Tendance Floue incarnent cette authenticité, cette vérité.

93 Plus que jamais © Tendance Floue
93 Plus que jamais © Tendance Floue

☞  « 93 Plus que jamais » d’Alain Willaume et Bertrand Meunier sera exposé au Centre culturel André Malraux – La Capsule du 30 mars au 03 juin 2017 – 10 Avenue Francis de Pressensé, Le Bourget
Vernissage : jeudi 30 mars 2017 à 19h

☞ Revoir toute la série d’Arte Journal 

☞  Si les portraits de la série vous ont inspiré, n’hésitez pas à participer à notre concours PORTRAIT(S) en partenariat avec le festival de la ville de Vichy. C’est jusqu’au 12 avril.