Actifs ou contemplatifs, allongés ou debout, seuls ou à deux, les sujets anonymes des photographies de Maurine Tric nous introduisent jusqu’à nous confondre. Nous sommes eux, ils sont nous. Le temps semble suspendu, mis entre parenthèses dans cette lumière enveloppante, laissant l’espace en creux de leur présence au monde. Le paysage est dépouillé en un simple décor où l’horizon toujours vaporeux annonce un futur déjà consumé. Ces instantanés de vie se succèdent tels les souvenirs d’un album, intemporels, substituant au devoir de mémoire collectif. Mais derrière l’apparente insouciance d’une douce atmosphère, se cache la menace d’un paradis perdu. La photographe semble ici vouloir figer un moment éphémère de communion avec l’autre, retenir un souffle, célébrer l’accalmie face à la frénésie. En toute discrétion, elle nous invite à nous plonger dans cette douce nostalgie à la chaleur si familière. Cette série est une partie d’un projet à long terme, alimenté par le hasard des rencontres dans des lieux connus ou non.