Photographier, ne rien chercher, espérer. Être juste là. Surprendre la poésie d’un visage, d’une solitude, d’une lumière. Les faire entrer en soi, et puis les rendre à leur liberté, et puis y revenir, et puis… Au loin, pressentir des proximités, des affinités mais échouer à les nommer. Marcher, continuer. Et à force de voyages, un jour, saisir l’évanescence et le silence communs qui habitent chaque image. Cette beauté du vague, de l’incertitude, c’est la clarté du songe qui enfin apparaît. Le songe ne se laisse approcher que par les interstices. Il ouvre sur toutes les fenêtres intimes et imaginaires des êtres, des choses, de leur contraire. Dans la vie tout songe, l’envol du vent, les espaces blancs, la première étreinte, la naissance d’une clarté, l’intériorité en train de se confier… En songe comme en photographie, il faut accepter de se laisser perdre par le mystère du monde, de son rayonnement, de l’inaccessible de ses secrets.