Petite-Vallée
En 2015, je suis invitée en résidence au Québec dans le cadre d’une collaboration entre Diaphane et les Rencontres Internationales de la Photographie en Gaspésie. Après dix heures de bus au départ de Montréal, j’arrive dans la baie des Chaleurs. Le territoire est grand et séduisant, il invite au déplacement et pourtant cette fois-ci, j’ai envie de me poser. J’ai entendu parler de Petite-Vallée située sur la côte nord. Je traverse le parc de la Gaspésie d’un seul trait, je contourne les Chics-Chocs et longe la côte par la fameuse 132. A la nuit, je suis arrivée. Je loue une chambre face au fleuve. La vue régulière d’aigles au-dessus de ma tête, les histoires d’orignaux et d’ours, me racontent un territoire hors du commun. A Petite-Vallée, je photographierai donc des êtres hors du commun. Je cherche le centre-ville et ne le trouve pas. Je cherche des passants, ils ne semblent jamais quitter leur voiture. Et chaque jour, je me trouve confrontée à une météo différente : brouillard, soleil, vent, pluie, gris, soleil, froid, très froid, chaud, bleu, tempête. Je me laisse guider par la puissance du lieu et l’énergie de ses habitants. Son immensité pourrait tous nous avaler, mais il n'en est rien : ils sont là face à moi, face au fleuve, résistants.