DEVOUR Pendant le premier confinement, au moment de ma maternité, je décide de documenter mon univers réel et mental. Au travers de strates photographiques, je questionne le mythe sirupeux du bonheur d’être mère. Comment se construit la relation mère-enfant ? Devenir mère ? Pas aussi évident que voudrait nous le faire croire le discours sempiternellement rabâché par la société. Si la naissance est voulue, les bouleversements physiques et psychiques qui l’entourent sont loin d’être attendus... voire audibles. Car comment s’expliquer un sentiment dont per- sonne ne parle, pas même la littérature. A chaque femme, écartelée entre liberté et maternage, de retrouver son équilibre. Je montre le lien qui se tisse entre bébé et moi-même. «Devour» de l’anglais «Dévorer» pour parler de dévoration. Bébé est une créature, l’ogre qui dévore le parent. Et puis dans «Devour» il y a le «De» de Désir et «our» de Amour. « Le pied nu sur un déclencheur à distance, je me photographie avec Bébé dans les bras, le visage caché par ma chevelure. Tout va très vite, le nouveau-né de 8 mois et presque 10 kg tantôt se débat, tantôt s’abandonne. Cela donnera naissance à un polyptyque de 18 autoportraits “La lutte, mère et fils” où le regard est capté par le mouvement des corps. »