Un matin d’avril 1879, le facteur Cheval trébuche sur une pierre qui lui fait interrompre sa tournée. De cette pierre, on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’elle se distingue par sa forme « bizarre » et « pittoresque ». En regardant autour de lui, Cheval découvre qu’il y en a d’autres ; il décide alors de collecter les précieuses pierres avec sa brouette et de les assembler pour construire le palais de ses rêves. J’ai rencontré Tanguy un matin de 2014, alors que j’étais en retard pour me rendre à mes cours à l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles. Il se tenait appuyé au rebord de fenêtre d’un célèbre chocolatier du Sablon, quartier des antiquaires, un verre de vin blanc à la main. Mon regard avait été capté par son élégance, bien sûr, mais aussi par un je-ne-sais-quoi. C’était une évidence : il fallait que je le photographie. Avec l’audace des timides, j’ai osé l’aborder. « Prenez rendez-vous avec ma secrétaire ! » Deux semaines et un lapin plus tard, je photographiais Tanguy pour la première fois. Cette série présente des images réalisées en Belgique entre 2014 et 2018. Les textes sont extraits de mes conversations avec Tanguy durant cette période. La photographie est un médium qui me sert à la fois de prétexte à la rencontre et d’outil d’intensification poétique et esthétique du réel. Je travaille en général en série, en photographiant de manière plutôt systématique des groupes de personnes, des membres d’une même communauté. Des « dames à chien », une chorale de veufs, une société de psychanalystes etc. Pour moi, la bonne image est celle qui se situe dans un entre-deux entre l’être et le paraitre, lorsque la personne photographiée exprime son appartenance à un « type » mais également la liberté qu’elle peut prendre par rapport à cette appartenance. Tanguy est un magnifique sujet : à travers ses différents styles empruntés, il navigue en permanence dans cet entre-deux. En devenant son « attachée de presse » comme il aime à me présenter lorsque nous croisons une de ses connaissances, je suis également devenue sa complice, et la ville un terrain de jeu. Très rapidement, j’ai senti qu’une image ne serait pas suffisante. Et surtout, je n’avais pas envie de l'intégrer au sein d’une série de portraits d’autres personnes. Tanguy se situait en quelque sorte « hors-série ». Son appartenance à la noblesse belge, qui était mon premier point d’ancrage, s’est révélée secondaire. Comme le suggère le titre de la série, le vrai sujet, c’est l’originalité attachante de Tanguy que la photographie me permet de révéler. Les différentes distances de prise de vue dans la série (rapprochements / éloignements) rendent compte des mouvements dans la relation photographe/photographié. J’ai ainsi dû faire preuve de souplesse dans ma manière habituelle de travailler. Toute image photographique constitue une construction du réel. Tanguy en tant que personnage créant déjà lui-même sa propre réalité m'a amenée à réfléchir en miroir sur mon médium. Ces images participent ainsi d’une méta-construction. Elles constituent un support de projection ouvrant un espace de création partagée entre le sujet et le photographe. Les images et les phrases qui rythment la série, gardent leurs surprises et leurs mystères. Ils témoignent de la tentative illusoire de cerner totalement ce « personnage » insaisissable.

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