D’abord ce fut lui. Une absence tranquille, progressive, un corps dont l’esprit s’évade et dont on devient l’étranger. J’ai soudain le besoin de m’accrocher à des restes de présence. Je regarde autour de moi comme si c’était la première fois. Les outils usés, le tableau noir avec lequel on jouait, l’odeur humide de l’atelier, les journaux accumulés dans le grenier. Je redéfinis les contours d’une silhouette et maintiens son souvenir vaporeux. Pour moi, pour les autres. Elle, continue à vivre le quotiden. Rire, pour tout et rien. Mais peu à peu, le temps s’arrête, trou noir puis retour en arrière... Sans réaliser que tout avait changé autour d’elle, elle fixe le néant. Assise dans un fauteuil à l'étage, face aux fenêtres, elle conserve toujours cette élégance. Ce jour là, la neige comme la maladie, se pose tel un voile sur les souvenirs. Elle engourdit le corps, ralentit le pas, fige le regard, évanouit les lueurs de présence juste devant nous. Nous, qui assistons à cette échappée, qui restons à ses côtés, témoignons de ce qu'elle était. Parce que c'est une part de nous même, parce qu'elle a tant donné, parce que son rire la retient encore un peu ici, nous sommes juste là.