Je m’étais perdu, la nuit tombait au loin, on ne voyait plus qu’un fin ruban rosâtre achevant cette chaude journée d’août. Les courants d’air froid s’engouffraient dans l’ensemble chaud de la plaine. Le grondement de l’orage résonnait au-dessus de ma tête. J’étais seul. Je devais partir. Une chose au fond de moi me poussait à sauter le pas. Porto ? Première destination, un billet d’avion, un aller simple. Étant jeune, j’avais toujours voulu découvrir cette ville. Je continuais de marcher sur cette piste goudronnée, insensible face aux dangers de la nature. Mon esprit n’était déjà plus sur Terre. J’organisais mon départ. Le vent m’invitait à déployer plus de force dans ma marche. L’herbe se couchait, les arbres gesticulaient. Les premières gouttes tombaient sur le macadam chaud. Une odeur d’été s’en degageait. Sur le sol délicatement humide, une pierre ou plutôt un coquillage semblait être rejetée par la mer. Ma montre affichait 22h22. L’orage tonnait et un corbeau croassait perché dans l’arbre voisin.