Cette photographie analyse les modalités du transfert du motif vénusien. Contribuant à l’élaboration d’un espace interculturel mondialisé, cette photographie charge le motif de Vénus déesse de la beauté, de nouvelles significations, celle-ci se décline par la perte de la tradition et le renouvellement de l’héritage iconographique classique. Ce nouveau motif permet d’inciter le spectateur à reconsidérer ses codes de représentation. La Vénus du tableau de Botticelli, nue et dressée sur ses pieds, surgissant en femme sur une grande coquille de Saint-Jacques est de nos jours une représentation iconique. Les chemins de cette diffusion peuvent être retracés géographiquement avec précision et indiquent un grand intérêt manifesté d’abord en Italie, en France, en Allemagne et en Angleterre, avant de traverser l’Atlantique et de gagner les États-Unis. Nous pouvons affirmer que la visualisation botticellienne de La Naissance de Vénus sur une coquille a comme point de départ mythique l’île de Chypre, comme point de départ matériel Florence et qu’elle a continué sa migration vers l’ouest et le nord, ce qui lui a conféré un statut d’icône, certes, mais surtout d’icône occidentale. Il s’agit ici d’offrir un autre itinéraire de la Vénus, c’est-à-dire son déplacement vers le sud, en analysant la représentation de la femme, ici, d’origine algérienne. Voici donc une nouvelle Vénus, peau foncée et cheveux bouclés, l’expression de son visage est énigmatique, la coquille, de petite taille cette fois, sert à cacher sa poitrine. La double exposition avec le scintillement de l’eau évoque sa (re)naissance (Vénus née dans la mer), l’effet du bokeh donne du mouvement faisant référence au Vent.