J’écris en langue morte, des lettres muettes Qui en cris ensanglantés, inondent le papier buvard. Elles se forment à l’encrier du cœur Sur le pupitre entaillé de cuivre et d’ébène À la lame invaincue d’une plume brune tourmentée. Mais peu importe, Les liaisons, la ponctuation et le passé composé de la partition. Quelle importance, Peuvent saigner les ratures, les pattes de mouche et les points de suspension. Quand aucune quête de traduction n’éveille les lecteurs endormis Dévoués à s’éblouir de l’enveloppe blanche sans destinataire. En illettrés confirmés, scarifient au coupe-papier l’expéditeur en son hiver Qui se panse à la moiteur d’une cire analphabète Dans l’attente que ses lignes s’animent, Aux voix caverneuses des conteurs d’histoires du soir. Pour qu’au moins, sans en-tête, la signature imparfaite Touche, de près ou de si loin, les étoiles.