Levons le voile du silence, l’art de la résistance Cette œuvre numérique s’inscrit dans une réflexion profonde autour de l’art, de la naissance et de la résistance à une société qui tente d’effacer certaines libertés. Bien qu’inspirée de la photographie, elle va bien au-delà de la simple capture d’un moment. Elle se construit autour de l’idée de réalité entrelacée : celle d’un monde tangible, symbolisé par l’accouchement à domicile, fusionné avec des éléments virtuels qui, à travers des glitchs et des superpositions numériques, viennent interroger le statut de ce qui est visible, ce qui est censuré, et ce qui résiste. Sur la peau de cette femme accouchant à domicile, des écrits et poèmes de Picasso se fondent en un tout organique, presque vivant. Ces mots, qui ne sont pas des tatouages mais des fragments d’art, symbolisent la manière dont la pratique de l’art peut s’infiltrer dans la réalité la plus intime. Car, dans l’art de donner la vie, chaque acte est une création – une œuvre unique qui échappe aux normes imposées, tout comme Picasso, lui-même, a résisté à l’étiquette de « dégénéré » dans une époque où son art était jugé non conforme à la société. Le musée Picasso, en préservant son œuvre, nous rappelle que l’art est une forme de résistance face à l’oppression. Picasso, marqué par les attaques des nazis qui ont étiqueté son travail comme « art dégénéré », incarne cette lutte contre la censure. Son art, par sa capacité à se réinventer et à traverser les épreuves, nous parle aujourd’hui encore de résilience et de la puissance de la création face à ceux qui voudraient contrôler ou effacer l’expression individuelle. Dans cette œuvre numérique, le glitch et la déformation de l’image symbolisent précisément cette fragilité et cette résistance. La photographie, en elle-même, est une réalité figée. Mais en la transformant numériquement, je cherche à raconter cette histoire invisible, cette lutte silencieuse mais ô combien présente : celle de la liberté de choisir comment, où, et dans quelles conditions donner la vie. En tant que sage-femme, je vois dans l’accouchement à domicile une forme d’art, de création humaine. C’est l’art de donner naissance, inscrit dans nos lois sous le terme « art de la naissance ». Dans cet acte, tout est création, tout est résistance. Ici, la naissance d’un enfant devient une forme de résistance, un acte politique, à l’image de l’art de Picasso, qui a su transformer chaque épreuve en une œuvre d’art intemporelle. Ainsi, cette œuvre numérique est bien plus qu’une simple image. Elle incarne un cri, un appel à lever le voile du silence, à dévoiler ce qui reste souvent caché ou rejeté, et à faire de la résistance un acte visible, partagé et célébré. Elle interroge, déstabilise et invite à ouvrir le débat sur un sujet fondamental : la liberté de choisir l’art de naître, tout comme la liberté d’être soi-même, sans crainte d’effacement ou de censure.