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  • Lucas ROCHET

    Le travail photographique que j'ai mené a comme particularité essentielle la résistance aux codes de classification des usages de la photographie contemporaine. Nous montre-t-il de la photographie de reportage ? On pourrait le croire. Effectivement, la construction du viaduc de Millau peut servir de fil conducteur à la lecture de cette série d’images. Or si sujet il y a, ce n’est pas tant du viaduc qu’il s’agit, mais plutôt de la croissante métamorphose du paysage induite par les travaux nécessaires à l’élaboration de ce projet titanesque. Certes il existe une narration, une progression des images, mais si ténue qu’elle ne réduit aucunement l’ensemble du travail à une série de visuels dépendants les uns des autres. Au contraire chaque photographie est cohérente dans la série tout en conservant son autonomie. Nous montre-t-il de la photographie documentaire ? Au premier abord, cela semble possible. En effet, ce projet photographique montre la lente transformation d’un paysage sur une durée de trois ans. Il maîtrise les usages de la photographie documentaire et architecturale, en cours depuis une dizaine d’années : emploi de la couleur, utilisation d’un appareil moyen format, vision nette et frontale. Cependant, il réussit à jouer avec les codes de la photographie documentaire dans le but de nous faire appréhender le paysage sous un œil neuf, résolument contemporain. Les éléments très nets semblent disposés sur un même plan. Seule, la composition rigoureuse de l’image propose une hiérarchisation des éléments induite par le désir du photographe. Cependant, cette série s’inscrit plutôt dans le prolongement des artistes du Land Art. Ce courant artistique d’envergure mondiale se développe dans les années soixante et soixante-dix. L’artiste Richard Long en est une des figures les plus marquantes et les plus représentatives. Initialement plasticiens, ces artistes agissaient directement sur leur environnement par la création de formes réalisées à l’aide des éléments du paysage (cailloux, rochers, etc.). La photographie n’intervenait qu’ultérieurement. Elle servait surtout à conserver une trace de leur intervention. En raison de la destruction des œuvres initiales, il deviendra difficile par la suite de différencier l’œuvre de son document. Je détourne avec finesse et subtilité cette problématique. En effet, je choisis un site en proie à des modifications conséquentes. Une intervention directe de l’artiste sur le paysage n’est donc pas nécessaire. En revanche, le site devient un immense « matériau » mis à la disposition du photographe permettant l’élaboration de ses images. Dans ce contexte, Mue se présente à la fois en tant qu’œuvre et document strictement photographiques. La majorité des artistes du Land Art créaient leurs œuvres dans un but politique. Il s’agissait de dévoiler les beautés innombrables recelées par la nature, dans le but de la préserver. J'adopte de fait une attitude beaucoup plus réservée non dénuée d’un certain humour. Je ne verse pas dans le sentimentalisme nostalgique, ni dans une apologie progressiste, et ne tombe pas non plus dans le piège malheureusement courant de l’anecdote. Les éléments disparates du paysage malgré leur anachronisme, semblent retrouver une place à chaque modification. Pas de loi, pas de règle, tout ceci se côtoie dans une harmonie un peu décalée mais possible, un berger et des moutons sous un arc en béton ; un paysage qui semble scindé en deux parties distinctes de façon tellement artificielle qu’il en semble presque irréel. À l’instar d’un Alex Mc Lean, cette série nous montre à quel point, les notions de nature, de naturel, images d’Epinal de notre monde actuel, sont un leurre. Notre environnement ne peut pas être considéré comme étant un système stable et immuable. Le paysage reste malléable, changeant, instable, tributaire en grande partie de l’évolution des technologies pour le meilleur comme pour le pire. Mais pour autant, faut-il nécessairement en conclure que c’est une catastrophe ?

 

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