MADE OF STONE (STREETS OF YOUR TOWN)
La rue envisagée comme frontière urbaine, physique et mentale. Elle est un lieu de transition, d'un quartier vers un autre, d'un lieu (de travail, d'habitation, de loisir...) vers un autre. Elle permet d'accéder à des ensembles (architecturaux, sociaux, fonctionnels) différents et plus ou moins poreux. Elle est un lieu de passage obligatoire, la ligne à franchir sur le plan. La série d'images proposée est une (vaine) tentative d'épuisement d'un territoire circonscrit (merci Georges Perec), ici le secteur sauvegardé de la ville du Puy-en-Velay, en Haute-Loire, mais la méthodologie pourrait être transposée ailleurs. Le trinôme individu / lampadaire / rue (pavée) est constamment respecté, la lumière ordonne la géométrie, souligne les intersections. Le lampadaire est le mirador qui surveille l'être humain anonyme, la rue est la frontière, le couloir. L'ensemble forme un labyrinthe sans issue, quadrillant un espace fini et minéral, presque carcéral, comme semble l'indiquer les volets souvent clos. Les pavés et la pierre taillée évoquent les travaux forcés ou l'esclavage. Les lignes architecturales sont des limites infranchissables, les ruelles forment des nœuds qui offrent des choix d'errance solitaire, l'espace est fractionné, cloisonné. La ville sans âge (les repères temporels sont absents) est au mieux un labyrinthe, au pire une une prison.