Série "Orée" : Nature rêvée, Nature édifiée. Rarement naturel, presque toujours façonné par l'homme, le paysage est dans nos sociétés le fruit d'une histoire vieille de quatre siècles au cours de laquelle se sont peu à peu élaborés, transmis, modifiés des modèles paysagers qui déterminent notre perception de l'espace. Dans les dernières décennies du vingtième siècle, les photographes ont fait descendre le paysage du piédestal qu’il occupait grâce à la peinture. Désormais il n’est plus question de sublime, de romantisme et de beauté universelle, mais de territoires conquis, détruits, mondialisés. L’impact de l’humanité et de l’industrialisation ne peut plus être gommé. Aujourd’hui, l’esthétique de l’industrialisation prédomine dans la photographie de paysage actuelle. C’est le propre de l’homme d’influer sur le paysage. En prenant la figure de l’arbre, l’élément classique du paysage, j'interviens en tant qu' "homme" sur le paysage en le modifiant (par le montage). ? ?Ainsi je crée une sorte de "nature architecturée" dans le sens où mes images sont véritablement construites et révèlent des formes parfaitement structurées. ? Bien que parfaitement symétriques et organisées, mes images, lorsqu’on les regarde assez longtemps peuvent donner l’idée d’une nature incontrôlable, il y a une impression d’éclatement qui ressort de mes paysages (formes qui s'ouvrent au centre, éclatement des reflets, branchages qui se démultiplient et grouillent...). ? A travers cette série, j'évoque la propension humaine à tout vouloir structurer autant que l’impossibilité de contrôler véritablement la Nature.