Aujourd'hui, j'ai allumé mon poste de télévision, les images défilent et la violence est omniprésente, comme chaque jour, c'est devenu banal. ??La rétine, c'est le premier centre d’intégration des informations visuelles et aujourd'hui on la sature en permanence de contenus insoutenables. J'ai la sensation que ces images s'impriment sur cette dernière et s'accumulent dans notre mémoire.??Pour traduire mon ressenti, j'ai commencé à photographier les programmes d’information sur mon téléviseur avec mon appareil argentique, cet acte d'archivage sur pellicule m'a permis de figer cette violence, de lui donner de l'importance, de ne pas laisser simplement défiler en continu ces images comme si de rien n'était. Pour traduire cette accumulation j'ai utilisé le principe d'exposition multiples, les images se sont donc imprimées successivement sur ma pellicule comme elle pouvait le faire sur notre rétine. Elles ont donné naissances à des images composites encore plus glaçantes. ??Face à ce résultat, on se retrouve confrontés à des images qui font échos aux passés et aux plus sombres heures de notre Histoire. Comme si cette dernière était un éternel recommencement, comme si les erreurs du passé n’avaient pas servies de leçons aux puissants de ce monde. Et nous, simples spectateurs, nous assistons démunis à cette escalade de violence qui s'imprime jour après jour sur notre rétine et que nous finissons par assimiler.??Quel impact ont ces images sur le public ? Peut-on s'habituer à cette violence ? Peut-on juste l’ignorer en se disant que ça ne nous concerne pas directement ? Pour ce travail d'archivage l'argentique s'est présenté comme une solution évidente qui faisait écho aux archives du passé, aux évènements les plus tragiques de notre histoire. J'ai utilisé une pellicule Washi que j'ai poussé de 3 stops afin d'avoir ce rendu très dense, très texturé, très granuleux et très contrasté.