« A criminal investigation » – Watabe Yukichi #ÉditionsXavierBarral

par Wipplay
© Watabe Yukichi

A CRIMINAL INVESTIGATION
Watabe Yukichi

Photographie noir & blanc
100 pages reliées à la japonaise

A criminal investigation - Éditions Xavier Barral - Co-Édition Le BAL © Yatabe Yukichi

Watabe Yukichi (1924-1993), reporter photographe indépendant, a couvert la plupart des grands évènements historiques et politiques se déroulant à Tokyo. En 1958 il se voit accorder l’autorisation exceptionnelle de documenter l’enquête menée par la police municipale de Tokyo relative à « l’affaire du corps coupé » :

Le 14 janvier 1958, le corps défiguré et amputé d’un homme est découvert près du lac Sembako au Japon. Deux enquêteurs de Tokyo viennent prêter main forte à la police locale pour résoudre ce qui semble à première vue une affaire banale. Ce ne sera pas le cas. Pour la première fois un photographe est autorisé à accompagner la police pour documenter l’affaire. Watabe a suivi l’inspecteur alors qu’il interrogeait des témoins (ouvriers dans une usine de tannerie, policiers de quartier, etc.) et qu’il arpentait les quartiers les plus insalubres de Tokyo – ses bars, ses ponts, ses passages, ses hôpitaux –, à la recherche du meurtrier.
Bien plus qu’une enquête policière, les images de Watabe dévoilent un Tokyo des années 1950, rarement montré de cette façon.

A criminal investigation - Éditions Xavier Barral - Co-Édition Le BAL © Watabe Yukichi
A criminal investigation - Éditions Xavier Barral - Co-Édition Le BAL © Watabe Yukichi
A criminal investigation - Éditions Xavier Barral - Co-Édition Le BAL © Watabe Yukichi

Dès les deux premières pages du livre, on assiste à un passage de plan large à plan serré tandis que l’inspecteur arpente les abords du lac. On peut ensuite repérer des plans-séquences, des plans de coupe, des effets de cadrage ou de focale. Sans emphase aucune, ces formes se mettent au service du récit. Le spectateur suit le déroulement de l’enquête : inspection des lieux du drame, phases de doutes, relevé de témoignages, filatures… La forme donnée au livre joue des codes japonais et de ceux du récit policier, sans jamais tomber dans le pastiche. La couverture de toile grège évoque un dossier administratif. Sensation renforcée par le choix de la typographie « Courrier », comme si le texte avait été saisi à la machine à écrire. Quant à l’élastique noir qui vient ceinturer le volume, il fait penser au carnet de notes d’un enquêteur. À l’intérieur de l’ouvrage, l’épais filet noir qui entoure les images, ainsi que l’impression en noir de la page de gauche lorsque l’image est isolée, créent une sensation de fondu. Le blanc qui demeure en haut et bas des pages forme l’écran sur lequel se projettent les images. Le caractère japonais de l’ouvrage est affirmé par le choix du brochage : le sempuyo souvent qualifié de « Japanese binding».

Cet ouvrage fut présenté au BAL lors de l’exposition « Tokyo-e »  (du 21 mai au 21 août 2011).