#Note_Expo Irving Penn
Déc 2017
Lieux : Grand Palais
A l’occasion du centenaire de sa naissance, Irving Penn est exposé Grand Palais jusqu’au 29 janvier. Cette première grande rétrospective du maître américain en France est à voir, absolument. L’exposition présente toute la palette d’un photographe qui voulut être peintre. Les différentes séries révèlent ses inspirations, comme des humeurs picturales : compositions surréalistes, portraits classiques ou réalistes et parfois pop artist…
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Composition & Natures mortes
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Irving Penn souhaitait devenir peintre, cela se voit. Roi de la rigueur, épure de la composition. Il n’y a pour lui qu’un soleil, une source d’éclairage. Il se rapproche de tout ce qu’il montre. Premières natures mortes réalisées pour Vogue en 1943. Seuls signes de vie ? Quelques traces laissées sur les objets participant à la composition.
« J’ai toujours été fasciné par l’appareil photo. Je le reconnais pour l’instrument qu’il est, mi-stradivarius, mi-scalpel. » Irving Penn – en virtuose de la simplification.
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Ce maître classique du portrait
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En 1947-48, Penn réalise pour le magazine Vogue des portraits d’artistes, écrivains, couturiers et autres personnalités du monde de la culture, de Charles James et Salvador Dali à Jérôme Robbins, Spencer Tracy, Igor Stravinsky et Alfred Hitchcock.
Il épure l’environnement pour photographier les célébrités (Duchamp, Stavinsky, Elsa Schiaparelli Robbins) disposées dans un coin ou sur un cube recouvert de tissu.
Envoyé à Paris en 1950 pour le magazine Vogue, il produit quelques-unes des plus grandes icônes photographiques du XXe siècle. Sa femme et sa muse Lisa Fonssagrives-Penn, porte des modèles haute-couture des années 50.
Le photographe est aussi son propre tireur et il le fait à la perfection : papier aquarelle, paladium remis au goût du jour , il varie les valeurs d’ombre et de lumière en plusieurs versions. Avec pour décor un simple rideau de fond, ce qui compte c’est la robe !
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Le photographe réaliste
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Après la guerre, son travail se déplace de la rue au studio, qui devient le lieu exclusif de ses prises de vue pendant toute sa carrière. En décembre 1948, il voyage jusqu’à Cuzco au Pérou, où il photographie les habitants et les visiteurs venus en ville pour les festivités de fin d’année. Chef d’oeuvre de l’histoire de la photographie que ces photographies d’enfants, effectués dans un atelier de photographe en éclairage naturel.
En 1950, Irving Penn est installe dans un appartement de la rue Mouffetard – au 6ème étage. Tout comme Eugène Atget, il documente. Non pas les rues de Paris mais les petits métiers, à sa manière, la lumière, les fonds neutres. Marchand de ballons, vitriers, rémouleurs, Français, anglais, américains se sont retrouvés face à son appareil photo dans leurs habits de tous les jours. Déroutants pour cette époque de ne pas se faire photographier dans ses plus beaux atours !
Cette série de portraits des petits métiers est effectué en parallèle des portraits de mode, et puis ses racines dans une tradition établie en gravure depuis des siècles et qu’il continue à Londres et New York.
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L’expressionniste accompli
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Au début des années 60, Irving Penn deviendra un photographe très demandé. Il continue à réaliser des portraits pour Vogue que l’on peut qualifier de classiques : Picasso, Jean Cocteau, T.S. Eliot, Marlene Dietrich, Francis Bacon ou encore Colette. L’artiste les veut profonds et aboutis, comme l’art de Goya, Daumier ou Toulouse-Lautrec qu’il a étudiés. 10 minutes suffisent à Irving Penn pour le portrait de Picasso, sa cape, son chapeau et le reflet de la lumière dans son œil tout est dit !
Son audace bouscule certains, le père Couturier détestera son portrait. Pourtant quoi de plus simple que Marlène Dietrich de dos dans son manteau, l’épure totale de nouveau ? La magie opère et pourtant ses modèles tels Ingmar Bergmann sont épuisés par les séances de pose.
L’ultime section de l’exposition est consacrée aux dernières photographies de mode et aux portraits de sa maturité, incluant des personnalités comme Tom Wolfe, Truman Capote, Alvin Ailey, Ingmar Bergman et Zaha Hadid.
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Un photographe surréaliste & abstrait
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Le travail personnel d’Irving Penn est déconcertant et audacieux. Lui qui n’est pas fumeur ramasse des mégots dans la rue et les agrandit jusqu’à 30 fois leur taille. Des photographies de nus avec leurs imperfections, des corps photographiés jusqu’à l’abstraction. Il publie aussi la première photographie de mannequin noire.
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Le pop artist !
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Audace dans la publicité l’Oréal pour des rouges à lèvres, déposés telle une palette de couleurs.
☞ Vous avez jusqu’au 29 janvier 2018 pour voir cette expo au Grand Palais (si ce n’est pas déjà fait).
☞ Vous pouvez aussi suivre Chantal Nedjib sur son site qui présente régulièrement des cartes blanches de photographes de talent.