Mat Jacob raconte les « Villes du monde » de Tendance Floue

par Wipplay
© Tendance Floue

Comme bon nombre de festivals, les Rencontres d’Arles n’ont pas vu le jour cette année. Parmi les expositions programmées initialement figurait une plongée dans les Villes du monde orchestrée par le collectif Tendance Floue. En juillet dernier, l’équipe Wipplay avait interviewé Mat Jacob – membre du collectif – pour en apprendre davantage sur le principe de cette exposition avortée.

A l’occasion de la sortie du livre éponyme aux éditions Louis Vuitton, nous souhaitions publier cet échange qui revient sur le projet d’exposition et la genèse de cette aventure collective.

Mat Jacob © Samuel BERNARD

Quel est l’origine du projet « Ville – Mondes » ?

Le point de départ est une commande confiée à Tendance Floue depuis 2013 : l’illustration des City Guide Vuitton. Soit près de 55 reportages réalisés, selon un cahier des charges très concret avec une liste de lieux touristiques à couvrir. En aparté, nous avons constitué un stock d’images détaché de la commande initiale pour développer un autre projet avec les Editions Vuitton : l’ouvrage Cities on Earth. Bien loin du documentaire, ce livre est une narration sensible qui parcourt les humeurs de la ville. Ses pages ne présentent pas de lieux spécifiques traités par un auteur, elles donnent à voir la joie, la mélancolie, la noirceur de la ville. New-York se colle à Tokyo qui se colle à Shangaï qui se colle à Paris…

Villes du monde © Tendance Floue
Villes du monde © Tendance Floue

 

L’exposition Arlésienne devait prolonger le propos du livre ?

Cette exposition souhaitait revendiquer encore plus de liberté. Chez Tendance Floue, nous avons cette prétention un peu con d’être auteurs, de chercher à bousculer notre regard. Avec Olivier Culmann, nous avons épluché le fonds en ressortant les images “interdites”, notamment nos auto-censures. Il nous a fallu élaguer, garder les meilleures pièces pour dérouler des fils plus denses. Autoroutes volantes, visages perdus, géométries folles… Notre envie : tirer les vers du nez de la ville. La rendre folle, violente, amoureuse. Cinq thèmes devaient rythmer l’exposition et proposer aux visiteurs une véritable immersion, une plongée presque psychanalytique dans la ville.

 

Comment aviez-vous pensé la scénographie ?

Aucun tirage papier, mais énormément d’images projetées sur des écrans. L’enjeu était d’occuper le grand volume du Capitole, décomposé en 2 ou 3 pièces. Nous pensions même abattre une cloison, des discussions étaient en cours avec le propriétaire. Pour provoquer l’immersion, des rétro-projections du sol au plafond étaient prévues, avec des écrans thématiques. Nous avions tout juste commencé à travailler avec le collectif Soundwalk Collective. Ces collectionneurs de son allaient pousser l’immersion, rythmer le flux des images. Les photographies provenant du mur, les gens auraient pu déambuler dans le volume comme dans une ville. L’installation ne verra malheureusement pas le jour, en tout cas pas cette année. Pourrait-elle se faire une place aux Rencontres l’an prochain ? Rien n’est moins sûr. Mais ce serait pas mal, pour les 30 ans de Tendance Floue.

Villes du monde © Tendance Floue

++++

☞ Pour acheter le livre en édition limitée, relié, 225 photographies et 592 pages, c’est ici
☞ Découvrez le lieu de nos 3 expositions en France ici