Découvrez nos coups de coeur au festival ImageSingulières

par Wipplay

Début juin 2022, le festival ImageSingulières inaugurait sa 14ème édition baptisée À la recherche du temps perdu. L’équipe Wipplay était sur place pour inaugurer l’exposition des lauréats au concours IMAGES SENSORIELLES, en partenariat avec le festival et Fortant. L’occasion également de vous présenter nos coups de coeur découverts sur place.

📍 Chai des moulins , Quai des Moulins, Sète

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Les lauréats du concours IMAGES SENSORIELLES

Pas moins de 7 talents Wipplay exposés !
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Pour la 4e année consécutive, Wipplay, ImageSingulières et Fortant s’associaient pour  une nouvelle thématique de concours. L’objectif de la thématique cette année ? Offrir une délicate balade parmi les 5 sens. C’est bien sûr la vue qui a porté ses 4 camarades en éveil, pour donner envie aux spectateurs de toucher, goûter, écouter, respirer les images !
Une mention spéciale a été apportée au goût et au toucher afin de représenter les notes et les subtilités du monde de l’œnologie.

🥇 Prix du jury : Maud Évrard, Étienne Roux & Alice Marie Brigitte
🍇 Prix Fortant : Aurélien Voldoire
⭐️ Prix du public : Laétitia Montastier, Maud Évrard er Alis.

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Myriam Boulos
Post 4 août
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Octobre 2019, des forêts entières sont en flammes au Liban, et le gouvernement ne fait rien pour y remédier. Le même mois, le pays est frappé par une crise économique. Immédiatement, une révolution s’enclenche lors de laquelle le feu est utilisé comme moyen de destruction, de répression, mais surtout comme un symbole de puissance. Il sert à bloquer les routes et s’opposer aux abus de l’État.

Août 2020, des pompiers sont envoyés au port de Beyrouth. Les responsables politiques qui les envoient savent que l’endroit incendié contient des tonnes de nitrate d’ammonium. Quelques heures plus tard, le Liban est victime de l’une des plus grandes explosions de l’Histoire. Les deux événements se téléscopent l’un dans l’autre, comme fondus par ce feu qui consume les symboles du pouvoir abusif, afin que les cendres puissent fournir les bases sur lesquelles reconstruire la ville. Ce sont les prémisses de cette reconstruction que Myriam Boulos documente, en survivante. Elle manifeste à la fois les aspects destructeurs et salvateurs de cette grande flamme qui est aussi la condition de possibilité d’un renouveau, un cri de désespoir au milieu du chaos. Des images brutales et douces, qui disent la force des mécanismes d’entraide et de solidarité et servent en définitive de « preuve concrète que nous ne sommes pas en train d’halluciner » (Max Kozloff).

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Tendance Floue
Fragiles
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« Fragiles » est un chœur composé de seize voix, seize récits photographiques afin de dresser un panorama d’interrogations sur un monde devenu vulnérable et incertain. Le projet tout entier est habité par les secousses qui traversent notre époque, à l’heure où le mythe d’une croissance sans fin se heurte à ses conséquences désastreuses pour la planète et tous ceux qui la peuplent.

Mais ce nouvel opus tente de dépasser l’inventaire photographique des bouleversements. Il est plutôt l’esquisse d’une promesse ou d’un souhait, la formulation du vœu que cette fragilité nouvelle inspire des imaginaires nouveaux. Les seize photographes du collectif se mobilisent chacun à leur manière pour produire des images souvent énigmatiques, qui frappent ou séduisent avec intensité, parfois associées dans des confrontations détonantes. Des rapprochements visuels déclenchant, à l’instar de certaines réactions chimiques, une énergie explosive et plurielle, à l’image des artistes qui abandonnent la signature de leurs clichés au profit d’une réponse collective – la seule possible face aux chaos qui menacent notre monde. Un projet entre documentaire et chimères aux allures de manifeste pour un changement de paradigme.

Les photographes : Pascal Aimar, Thierry Ardouin, Denis Bourges, Gilles Coulon, Olivier Culmann, Ljubiša Danilović, Grégoire Eloy, Mat Jacob, Caty Jan, Yohanne Lamoulère, Philippe Lopparelli, Bertrand Meunier, Meyer, Flore-Aël Surun, Patrick Tourneboeuf, Alain Willaume

Invité pour Fragiles : Jean-Christian Bourcart

📗 Retrouvez le livre ici

📍 Centre photographique documentaire, 17 rue Lacan, Sète

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Gabrielle Duplantier
La couleur des sentiments (Résidence Sète #22)
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Parler de photographie noir et blanc est une facilité qui s’avère à la limite de l’abus de langage. Il suffit de regarder le catalogue de l’exposition consacrée à cette thématique, organisée au Grand Palais à partir des riches collections de la Bibliothèque nationale de France […] pour savoir à quel point l’on désigne ainsi des approches, des esthétiques, des « couleurs » terriblement différentes.

Héloïse Conesa, l’une des commissaires de cette exposition, signe dans ce catalogue un texte justement intitulé « Le noir et blanc ou l’esthétique de la distance ». Distanciation du temps, de l’espace, donc du monde. Transposer l’univers dans lequel nous avons l’habitude d’évoluer en le débarrassant de ses teintes est, incontestablement, une mise à distance et une remise en cause de toute l’illusion […] de « fidélité » dans la représentation. Il s’agit, quels que soient les choix esthétiques, d’une forme d’abstraction qui, et c’est là une des forces et des ambiguïtés de la photographie, n’entame en rien une forme de réalisme nous rappelant que son existence même dépend de ce qui l’a précédée dans le réel et dont elle nous donne d’abord une interprétation.

Comme, y compris en noir et blanc, les photographes « écrivent avec la lumière », des territoires comme Sète, où l’intensité lumineuse est généralement forte et où les ombres portées sont marquées, entraînent généralement des images contrastées. Ce qui frappe alors avec la proposition de Gabrielle Duplantier […] c’est la subtilité développée dans la gamme chromatique. Il y a là non seulement des gris savants, étagés, vibrants, souvent sensuels, autant sur les peaux que sur la nature, mais également une profondeur de détails dans les noirs et dans des blancs presque purs – rares – des modulations souples. Cette richesse de traitement construit une ambiance qui nous amène vers des rencontres douces, des perspectives harmonieuses, une absence de construction a priori qui frise parfois avec l’étrangeté.

Rétive à la ville – la grande ville est pour elle impossible – Gabrielle Duplantier a trouvé à Sète un espace à sa mesure. Un espace qu’elle peut parcourir à pied, à son rythme, en scrutant les lumières, en ayant – et en prenant – le temps des rencontres. Qu’il s’agisse d’une fillette, d’un couple d’adolescents, de gamins dont la beauté l’arrête, d’une jeune fille comme une poupée dans la rue, d’une femme africaine d’une grande beauté, mais également d’un chien croisé sur fond de mur meurtri, d’une structure suspendue au-dessus de l’étang, ou bien d’un cactus, d’un arbre aux branches devenues sculptures grises et même de la mer qui vibre, c’est à un nuancier des gris, du plus profond au plus léger, que nous invite cette promenade. Car il ne s’agit ni de décrire, ni d’expliquer, ni de donner à connaître. Simplement de partager l’écho mis en forme de surprises aimées, d’étonnements qui touchent. Fidèle à une forme d’artisanat autant qu’à sa prise de vue en argentique qui offre une matière unique qu’elle retravaillera jusqu’à obtenir une interprétation – qui pourrait être différente à un autre moment et dont elle doute toujours – Gabrielle Duplantier fabrique un monde qui n’est pas seulement « son » Sète subjectif mais plutôt un catalogue poétique, pas trop organisé, des sensations qu’elle a éprouvées sur un territoire inconnu d’elle et baigné de lumières qui ne sont pas celles qu’elle affectionne habituellement. C’est avec une apparente facilité et avec une évidente liberté, sans but avoué, sans projet construit qu’elle se meut dans ce territoire, qu’elle l’interprète comme on déploie une petite musique, de nuit, de jour, à tout moment de la journée, en variant les distances, aux gens comme aux espaces, en travaillant plus que tout la matière de l’image. Une matière vraiment photographique qui, dans des cadres jamais forcés, peut facilement insuffler une respiration calme, juste rythmée de quelques profondeurs absolues de noir et de quelques stridences de blanc. Pour laisser toute leur place aux gris.

Avec Gabrielle Duplantier, le noir a la couleur des sentiments.

– Christian Caujolle (conseiller artistique)

📍 Chapelle du Quartier-Haut, 42 bis Grande Rue Haute, Sète

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Kent Klich
A tree called home
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Un PNI est un asile psychiatrique comme il en existe des centaines à travers la Russie. Il y a vingt ans, Kent Klich a visité l’un de ces lieux d’enfermement, où les patients surmédicalisés voient leurs liens sociaux réduits à peu de chose.

Au fil des années, il a rencontré et collaboré avec des patients, des docteurs, des activistes, des chercheurs et des artistes. Le résultat est ce travail qui comprend à la fois des photos, des images retrouvées sur place ainsi que des pièces vidéo et sonores réalisées par l’artiste et patient Aleksey Sakhnov. Des sanctuaires imaginaires autour desquels se déploient les corps des personnes enfermées. Des moments de désespoir ou de joie momentanée au milieu de décors dépouillés, des murs nus et de la terre, des chaises cassées et des meubles défraîchis, des corps qui portent la trace des mauvais traitements physiques et psychologiques.

Qui révèlent, aussi, le sens de la communauté et de l’entraide rendus nécessaires par la répression et la surveillance. « A Tree Called Home » est issu d’une confrontation de points de vue, et c’est ce qui permet à ce récit de révéler, avec une grande précision, les structures déshumanisantes de l’institution psychiatrique et de rendre justice avec une sensibilité rare à ces vies meurtries.

📍 Salle Tarbouriech, Promenade Maréchal Leclerc, Sète Théâtre de la Mer

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Camille Gharbi
Faire face. Histoires de violences conjugales
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« Faire face. Histoires de violences conjugales » est un projet mené par Camille Gharbi sur la question des violences faites aux femmes et des violences au sein du couple, abordé sous trois angles.

« Preuves d’amour » questionne la problématique des féminicides conjugaux et la réponse que nous lui faisons, par le prisme d’objets du quotidien détournés en armes de crime. Les féminicides sont un phénomène si récurrent qu’il en paraît presque endémique. Face à cette inertie, cette série cherche à provoquer un électro-choc sensible.

« Les monstres n’existent pas » s’intéresse à un sujet peu traité, celui de la prévention de la récidive du point de vue d’auteurs de violences au sein du couple. Des diptyques portraits / témoignages, réalisés en prison, mettent en lumière des détenus qui se sont engagés dans un processus de responsabilisation par rapport à leurs actes. Ce travail cherche à déconstruire la figure du « monstre », non pas pour l’excuser mais pour permettre une meilleure compréhension, et une éventuelle déconstruction, du cycle de la violence.

« Une chambre à soi » évoque le processus de reconstruction des victimes. La photographe est allée à la rencontre de jeunes femmes qui sont hébergées en foyer, fuyant un contexte conjugal ou intra-familial violent. Prenant également la forme d’un dialogue entre portraits et témoignages, cette série met en lumière la résilience dont font preuve ces jeunes femmes.

Chacune de ces séries évoque à sa manière la réalité de ces violences, leur intensité, leur banalité. Elles disent, avec une sensibilité sans fard, la nécessité pour la société entière de « faire face » en déconstruisant les systèmes de pensées archaïques.

⭐️ Retrouvez l’ensemble de la programmation ici ⭐️