Il y a des silences qui en disent long. À la Maison Européenne de la Photographie, on s’est pris une claque douce et puissante à la fois : celle de Marie-Laure de Decker. Une expo, des images à couper le souffle et surtout, une vie de photographe qui résonne très fort, aujourd’hui encore. On aurait pu vous parler de date d’ouverture ou de "visibilité exceptionnelle". Mais la vérité, c’est que cette expo, L’image comme engagement, ne se visite pas, elle se traverse. Elle vous regarde autant que vous la regardez.
Une photographe qui n’aime pas qu’on dise « photographe de guerre »
Marie-Laure de Decker n’aimait pas les étiquettes. Pourtant, elle a couvert le Vietnam, le Tchad, le Chili, la Jordanie: toujours là où ça brûle. Mais derrière son objectif, ce n’est pas la guerre qu’elle cherche à capturer. C’est l’humain. C’est l’engagement. C’est la vérité de ceux qu’on oublie : réfugiés, victimes, combattants, femmes, enfants…
Ses clichés ? Pas spectaculaires. Pas sensationnalistes. Juste. Dignes. Avec, toujours, cette intention : témoigner, dénoncer, résister.

La tendresse comme acte de résistance
Un soldat qui rit. Une main posée sur une épaule. Un baiser volé. Voilà ce que Marie-Laure de Decker cherche. Ce qu’elle trouve. Elle capte la vie qui survit dans les décombres. L’amour qui résiste au chaos. Elle le disait elle-même : « Dans les situations dures, la tendresse explose. Tout est plus intense. »
Et c’est exactement ce qu’on ressent en parcourant l’exposition : une forme de beauté qui survit à tout. Des instants suspendus, qui réconcilient avec le monde.


Une pionnière, une femme, une voix
Dans les années 70, être une femme photographe, c’était rare. Être une femme photographe dans des zones de conflit, encore plus. Elle l’a fait. Sans fracas. Sans drapeau. Mais avec un regard différent, féminin peut-être mais profondément lucide, tendre et parfois politique.
Marie-Laure de Decker rejoint la lignée de Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy… Ces femmes qui ont osé regarder la guerre autrement. Pas avec héroïsme, mais avec empathie.

Alors nous avons qu’une chose à vous dire : allez-y. Pas pour cocher une case « expo à voir ». Allez-y pour ressentir. Pour écouter ces images qui murmurent plus qu’elles ne crient. Merci à la MEP pour ce voyage intérieur. Merci à Marie-Laure de Decker d’avoir photographié avec le cœur. Nous, on en ressort chamboulés. Et un peu plus vivants.