Il y a quelques jours, le parlement polonais rédigeait une proposition de loi visant l’interdiction totale de l’avortement dans le pays. Cette actualité sinistre offre une occasion de (re)découvrir le travail de Laia Abril intitulé « De l’avortement« .
Une histoire de la misogynie
Cette série met en lumière une réalité noire : bien qu’il existe aujourd’hui des manières d’avorter sûres et efficaces, 47 000 femmes meurent chaque année des suites d’avortements clandestins. Par-delà les pays et les religions, les lois et la pression sociale interdisent à des millions de femmes l’accès à l’avortement et les forcent à mener à terme des grossesses non désirées.
Beaucoup d’entre elles sont mineures, ont été victimes de viols ou mettent leur santé en danger. Dans son travail, Laia Abril documente et conceptualise les risques encourus par ces femmes qui se voient refuser un accès libre, légal et médicalisé à l’interruption de grossesse.



Une minute pour convaincre le pape.
Le travail de Laia était exposé à Arles en 2016. Pour son Papier Photographique, l’équipe de Wipplay l’avait interviewée sur la série « De l’avortement ». La première question était la suivante : « Si vous aviez une minute pour convaincre le pape de cesser de considérer l’avortement comme un péché, quels seraient vos mots ? »
Comme l’Eglise catholique ne connait même pas les 3 motifs d’avortement (malformation du foetus, risque pour la mère, viol), je lui raconterais 3 histoires. Celle de « KL », une péruvienne qui a dû mener sa grossesse à terme alors que son foetus souffrait d’une encéphalite. Cette femme a dû allaiter 3 jours avant de voir l’enfant mourir…
Je lui raconterais aussi l’histoire de Michele, une irlandaise qui a dû partir à l’étranger pour se faire avorter. Sa grossesse l’empêchait de recevoir les traitements pour soigner son cancer. Son avortement tardif a hâté sa disparition. Enfin, je lui montrerais l’échographie d’une petite fille de 9 ans violée par son père et forcée à suivre sa grossesse. Vous savez, ces 3 histoires sont terriblement banales.
Aucune femme ne devrait avoir à justifier de ses actions sur son corps, sa maternité, sa vie. Lorsqu’on sait que certaines femmes avortent seules dans leur baignoire, en usant d’un cintre, on s’interroge. Empêcher les femmes de décider, n’est-ce pas là une torture ?

