Photographier la technologie à l’état de nature.

L'emperlée © Eric21

Du 2 septembre au 4 novembre 2020, Safran vous invite à participer au concours photographique MIMESIS pour immortaliser – de près comme de loin – les trésors de la nature. Il s’agit d’évoquer des convergences et des résonances avec la technologie, qu’elles soient réelles ou imaginaires…

Pour inspirer les participants au concours, nous avons demandé à Kalina Raskin – ingénieur physico-chimiste et docteur en neurosciences – d’évoquer ces organismes vivants capables d’inspirer la technologie. La Directrice Générale du Ceebios (Association dédiée au déploiement du biomimétisme en France) – qui figure parmi les membres du jury au concours – partage 4 conseils inspirants pour tous les participants.

Kalina Raskin, Directrice générale du Ceebios. © Jérôme Prévost

Conseil n°1 « Photographiez la biodiversité du quotidien » 

On a toujours tendance à s’émerveiller face aux espèces exotiques qui vivent dans les fonds marins ou en terres hostiles. Pourquoi ne pas prendre le temps de contempler la biodiversité “ordinaire” ? J’aimerais que les participants mettent en lumière ces espèces que l’on croise tous les jours. La magie de la nature est partout autour de nous : les fourmis, les mouches, les escargots sont des espèces extraordinaires !

Fourmi acrobate © M.Aline

Les mouches – dont la vue est différente de la nôtre – sont sensibles au défilement. Cette capacité a inspiré la conception de capteurs qui pourront équiper demain l’extrémité des pales d’hélicoptères. Prendre le temps de zoomer sur les yeux d’une mouche, c’est aussi faire le point sur une technologie hors-norme.

L’escargot est également une sacrée source d’inspiration. Son mucus a été reproduit dans le développement de colles et lubrifiants médicaux par exemple. Sa thermorégulation par la coquille – observable chez certaines espèces – intéresse aussi grandement les chercheurs dans le développement d’équipements pour les zones très arides. Des végétaux qui nous sont très familiers ont des propriétés géniales aussi. Prenez le lierre, sa glue est d’une efficacité redoutable et mérite qu’on s’y arrête.

 

Conseil n°2 « N’oubliez pas les mal-aimés”

Le biomimétisme est une fabuleuse ôde à la conservation de la biodiversité, à toutes les diversités. Notamment les espèces qui ne correspondent pas à nos canons de beauté, à l’instar des limaces, du lombric ou du ver de terre qui ne sont pas particulièrement photogéniques.

Nos amies les limaces © Keyfried

Pourtant, ces organismes sont dignes d’intérêt par leur capacité à se déplacer dans un milieu granulaire grâce aux propriétés de surface de leur peau et du mucus qu’elles sécrètent. Des atouts incroyables pour ces créatures soit-disant “moches”.

Conseil n°3 « Prenez du recul face aux écosystèmes vivants”

Une espèce se développe toujours par rapport à des contraintes environnementales et aux interactions avec les espèces qui l’entourent. Il faut dire que la collaboration est souvent une stratégie évolutive gagnante, voyez les champignons auprès des racines des arbres. De même pour certaines limaces de mer qui, en symbiose avec une algue accèdent à la photosynthèse. Cette symbiose a inspiré en architecture, des façades à micro-algues.

Le piège © Lite Bee

Il serait intéressant de photographier une espèce dans son environnement et dans ses interactions. Illustrer ces phénomènes de symbiose et de collaboration reviendrait à démontrer l’importance de la coopération comme moteur de l’évolution. 

Conseil n°4 « Mettez en lumière les espèces en danger”

Photographier les espèces en voie de disparition serait aussi l’occasion d’immortaliser des stratèges expérimentés. Prenez par exemple l’ours polaire : les qualités isolantes remarquables de sa peau et sa fourrure ont inspiré les chercheurs. Ses poils blancs sont dotés d’une structure bien particulière et sa peau est noire. Une telle combinaison de complémentaires lui offre des capacités de camouflage et de résistance au froid. 

Que dire de la peau respirante des amphibiens et leur langue à propulsion ? Ces “équipements” incroyables ont aussi inspiré des innovations scientifiques dans différents domaines.

Pliage hydraulique © Luis.Bolanos

La disparition de certaines espèces comme les pollinisateurs va non seulement appauvrir la biodiversité, mais nous allons aussi perdre des inspirations potentielles. Il y a une multitude de mimétismes biologiques qui n’ont pas encore été explorées par les scientifiques. Le rôle du photographe est d’observer soigneusement ces espèces. Au moment de déclencher, il pourrait bien se dire : “Non seulement je photographie un être fragile, mais je suis aussi en train de documenter un patrimoine scientifique capable d’inspirer des développements futurs.”

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