PASCAL AIMAR REVIENT SUR LES LAURÉATS DU CONCOURS ABSURDE

par Wipplay
© Pascal Aimar

Pascal Aimar – photographe du collectif Tendance Floue – était notre jury pour le concours ABSURDE. Il nous a fait le plaisir de partager ses impressions face aux 3 images lauréates. Pascal a introduit son texte en revenant sur la définition du terme absurde : « Qui est contraire à la raison, au sens commun, qui est aberrant, insensé. »

1er prix : « Jotosi » par The Wandering Eye

Jotosi © The Wandering Eye

Mon premier choix s’est porté sur une image « traditionnelle » de reportage, qui nous montre une situation où quelque chose « ne va pas », quelque chose est contraire à la raison. L’image est maitrisée, tant sur le plan technique que sur la composition.
Le choix d’une focale large et de la contre plongée dynamisent la composition, et l’information essentielle (le M Drive) est idéalement située dans l’image pour être tout de suite vu par l’œil et créer le sentiment que « quelque chose ne colle pas » ! Que viennent faire ces cavaliers dans la file d’attente d’un « drive » de fastfood ?
En deuxième lecture on aperçoit le guichet derrière la voiture et le phare d’un autre véhicule qui suit les chevaux, ce qui nous confirme que cette situation est bien réelle :
Ils font vraiment la queue !

2e prix : « Cuillette » par Lma

Cuillette © Lma

Mon second choix est un photomontage.
Les wipplayers ont beaucoup utilisé cette technique photographique mais une image se détache du lot. Simple mais efficace, c’est un clin d’œil à André Kertész et aux surréalistes.
Techniquement c’est très bien réalisé. Si l’interprétation métaphysique de la fourchette de Kertész nous amène à la confrontation présence/absence, nous nous trouvons ici en présence d’une image qui se caractérise par l’absence de tout contrôle exercé par la raison.
« Ceci n’est pas une cuillère »

3ème prix : « Sans titre » par Natail

Sans Titre © Natail

Mon troisième choix s’est porté sur une image plus documentaire.
C’est un carré de verdure où sont plantées des maisons de travers. A la première lecture on se demande si il y a eu un tremblement de terre ? Mais non ! La campagne n’a pas l’air dévastée. C’est même plutôt paisible. Sentiment accentué par une douce lumière hivernale.
Et puis on comprend ! On distingue les chariots sous les maisons. Ah ! Ils sont en train d’installer le village !
L’espace d’un instant, cette photo était contraire à la raison, mais grâce à son cadrage équilibré, sa lumière et ses couleurs, elle garde une partie de son mystère même quand on a « vu le truc ».