ZOOM SUR LE MÉTIER DE CÉRAMISTE

par Wipplay
© Atelier "Sable & Cendre"

Jusqu’au 23 septembre, Wipplay s’allie à l’Institut National des Métiers d’art, l’EPV, le Réseau des Grands Sites de France et The Frenchip pour vous proposer le concours photographique L’ART EST LA MATIÈRE

Cette thématique est une invitation à photographier la matière entre les mains des artisans d’art. Cette semaine, nous vous présentons l’atelier “Sable & Cendre” de Miguelle, artisan d’art spécialisée en céramique en Martinique.

 

1/ Comment pourriez-vous résumer votre passion professionnelle en 5 mots ? 

La matière, la méditation, la sensation, le toucher et les rencontres. 

© Atelier "Sable & Cendre"

2/ Est-ce votre première vie professionnelle ou une reconversion ? A quel moment a-t-on le déclic pour créer l’atelier « Sable et cendre » ?

J’ai toujours eu un fort attrait pour les activités manuelles. Lorsque j’étais enfant, c’était en faisant des créations avec différentes matières comme les perles, le coco, le bois ou la pâte à modeler que je me sentais bien. 

Pendant 16 ans, durant ma carrière d’éducatrice de jeunes enfants et directrice de crèche, je n’ai jamais cessé de créer, notamment des bijoux en pâte fimo (une pâte polymère qui devient plastique à la cuisson). Cela a super bien fonctionné et je m’épanouissais dans cette pratique artistique. 

J’ai alors choisi de quitter mon emploi et de partir en métropole pour entreprendre une formation professionnelle d’artisan céramiste (pratique découverte au fil de mes rencontres) à l’école Arts & Techniques Céramiques à Paris, qui forme beaucoup d’adultes en reconversion.

Une fois mon CAP de tourneur céramiste et mon titre d’artisan d’art en poche, j’ai entrepris de nombreuses recherches, démarches administratives et travaux de réaménagement, pour finalement ouvrir mon atelier en 2018. 

Ce fut un énorme challenge pour moi de passer le pas, mais j’ai eu trop peur de le regretter si je ne le faisais pas. Ce qui a été compliqué, c’est de trouver une formation car il n’y en a pas en Martinique, et de partir 8 mois en métropole en laissant mon mari et mes 3 enfants… 

© Atelier "Sable & Cendre"

3/ Pourquoi avoir choisi “Sable et cendre” pour le nom de votre atelier ? 

Je voulais un nom qui soit ouvert sur l’extérieur et qui ne se réfère pas uniquement à la Martinique et aux Caraïbes. En même temps, je souhaitais qu’il puisse représenter mon identité : je suis originaire de Saint-Pierre. En 1902, l’éruption du volcan de la Montagne Pelée a détruit complètement la ville et tué des milliers de personnes. St-Pierre est donc repartie de rien pour renaître de ses cendres. Cette idée de “cendre” est très parlante pour moi, et ça fait aussi partie de mon parcours : tout laisser pour repartir d’autre chose. Pour le sable, celui du nord Caraïbes est noir, et pas blanc. Voilà pourquoi j’ai choisi ce nom, pour le côté insulaire, pour mes origines, pour St-Pierre et pour le renouveau.

 

4/  Quelle est la matière que vous préférez travailler/utiliser et pourquoi ? Comment transformez-vous cette matière en produit fini ?

J’adore travailler la porcelaine, et je suis l’une des seules de l’île à travailler cette matière. Je l’adore car elle n’a pas du tout la même texture que les autres : elle est soyeuse, sensuelle et capricieuse. Il faut la dompter, et c’est à chaque fois un défi quand on l’a dans les mains. Avec la porcelaine, les possibilités sont infinies, et c’est ce qui m’attire dans cette matière. 

© Atelier "Sable & Cendre"

5/ Y-a-t-il une spécificité dans la géographie de la Martinique, dans les matières disponibles ou un héritage particulier qui vous inspire ?

En terme de matière première, c’est compliqué car un céramiste (mise à part les puristes) travaille toujours avec des bases reconstituées au niveau industriel. Je ne vais pas trouver ma matière première directement ici. Je choisis ma porcelaine en fonction de sa couleur et de son opacité, j’aime beaucoup celle d’Angleterre par exemple. J’achète également ma terre, et le gré vient plutôt d’Espagne.

Ici ce qui m’inspire ce sont les couleurs, les mots, ma culture, et bien évidemment la faune et la flore qui sont des terrains de jeux infinis. J’essaie aussi beaucoup de me rapprocher d’autres artisans pour faire des collaborations et me permettre de trouver la matière première directement en Martinique. Par exemple, lorsque je fais des bougies, je travaille avec un apiculteur qui me fournit la cire. 

 

6/ Quelle est la réalisation qui vous a le plus touché ?

C’est compliqué à dire car au cours de notre formation, on nous apprend l’humilité et à ne pas s’attacher aux pièces qu’on réalise. Si je devais tout de même en citer une, ce serait la collection “Afro home”, car j’ai utilisé des profils de visages afro caribéens sur mes pièces, et on ne le trouve nulle part ailleurs. J’ai vraiment trouvé l’inspiration au plus profond de moi-même, ce sont des réalisations très intimes.

© Atelier "Sable & Cendre"

7/ La question Kesako : un mot de votre jargon professionnel à faire deviner à nos lecteurs ?

ESTÈQUE → C’est l’outil qui sert à faire les galbes des pièces en tournage. 

 

8/ Les curieux peuvent-ils venir vous rendre visite cet été ? Où et quand ?

Mon atelier est ouvert tout l’été, sauf les lundis. Cependant, il faut réserver par téléphone au 0696802476 ou envoyer un message sur les réseaux sociaux (Instagram ou Facebook)

 

 

 

Ce zoom sur la porcelaine, le tournage et le gré vous inspire ? Participez au concours photo L’ART EST LA MATIÈRE ouvert jusqu’au 23 septembre !