3 histoires remarquables, en 8 images !

par Wipplay
© Patricia Combacal

Du 12 février au 25 mars 2020, Wipplay s’associait avec La Villa Pérochon pour vous proposer le concours CARTE BLANCHE. Le jury a réuni Patrick Delat (co-fondateur en 1994 des Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort // Villa Pérochon) et Marie Mons (photographe). Découvrez leurs commentaires face aux séries racontées par les lauréats.

1er prix du jury :
🥇Patricia Combacal « (S)He » 🥇

« Au cours de l’automne 2011, je réalise une série de portraits de jeunes gens de mon entourage dont la beauté androgyne me fascine. La petite enveloppe de photographies s’assoupit dans un tiroir.

Été 2015, l’une d’entre eux me recontacte, elle se souvient que je souhaitais réaliser un portrait d’elle torse nu et, décidée pour sa transition transsexuelle, souhaite savoir si je préfère la photographier avant ou après son opération. Je lui demande s’il serait possible de photographier l’intervention. Elle accepte : l’œil de mon objectif pourrait l’accompagner vers sa nouvelle image. À la fois pour préserver sa personne ainsi que l’exercice de son activité professionnelle, mais aussi dans le but de garder le propos de la série le plus ouvert possible, il ne faut pas que l’ami soit identifiable. Outre les images de l’intervention, je photographierai essentiellement ses objets, de la façon la plus discrète possible, presque effacée, portrait en creux porté sur le détail de ce qui se révèle, qui était donc déjà présent. » Patricia Combacal.

(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal
(S)He © Patricia Combacal

Patrick Delat : « une série qui, en quelques images, nous questionne, nous montre une interrogation profonde très réfléchie, avec une écriture photographique affirmée, et en si peu d’images un récit construit. »

Marie Mons : « belle distance avec le sujet photographié, sincère. Pas de sensation d’être dans un documentaire, on est directement dans l’histoire qui nous est racontée ! De très belles évocations poétiques notamment le drap sur le piano. De mon coté, peut être moins sensible à la copie et au cahier d’écolier que je relie difficilement au reste de l’histoire. »

2ème prix du jury :
🥈Swen Renault « Tokborné » 🥈

« Tokborné en arabe libanais, signifie littéralement : enterre-moi ! Cette expression traditionnelle aux sonorités violentes exprime au contraire beaucoup d’affections. Elle est souvent employée par les mères libanaises pour exprimer une protection bienveillante face à la jeunesse.
L’évidente ambivalence de ce mot très souvent employé résume parfaitement les nombreuses contradictions et oppositions qui cohabitent dans ce pays en perpétuelle renaissance. En effet, que cela soit politique, confessionnel, humain ou territorial, le Liban tente de se libérer et d’accepter son passé pour vivre dans son époque et envisager un avenir exaltant. » Swen Renault

Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault
Tokborné © Swen Renault

Patrick Delat : « le questionnement et le décors sont plantés, on va également vite à l’essentiel, le début d’un questionnement identitaire, une belle lumière travaillée et une pertinence des cadrages. »

Marie Mons : « Très belle atmosphère, un beau travail à la fois de sens et de couleurs. Comme dit Patrick, le décor est là, peut-être peut-on avoir au travers de certaines images accès « au coeur » du sujet… On a peut être envie de voir dans ces images au moins une fois ce lien dont il est question. Ordre des images à travailler, les images de fin ne sont pas aussi fortes que celles du début. »

3ème prix du jury :
🥉 Véronique L’Hoste « Stigmates » 🥉  

« Je me suis rendue le long des côtes picardes et normandes afin d’amorcer une première phase de production photographique du projet Stigmates. Mon intérêt s’est porté sur le littoral, sur sa végétation, sur ses paysages témoins de nombreuses traces de la Seconde Guerre mondiale.
Suite à la lecture du journal de bord manuscrit de mon grand-père paternel, rédigé entre 1939 et 1945, je me suis appropriée certaines parties de son histoire avant qu’il soit fait prisonnier et qu’il connaisse la douloureuse expérience de privation de liberté. Griffonnés, raturés, les mots sont comme cachés, à l’image de ce journal secrètement enfoui au fond d’une armoire pendant des dizaines d’années.

Cette atmosphère particulière imprègne chaque photo de la série Stigmates, qui se construit également autour d’associations dans la composition, les couleurs, les idées, et non à travers une succession d’images chronologiques. S’y côtoient ainsi photos d’archives familiales et productions personnelles, volontairement maltraitées ou sous forme d’autoportraits. Vêtue de blanc, une présence humaine apparaît puis disparaît sur l’image suivante, pour laisser place à un décor empli d’une charge mémorielle ou tout simplement méditative. Le blanc suggère le silence, le spectre de l’âme, mais peut aussi faire figure de nouveauté, de renaissance. » Véronique L’Hoste.

Stigmates © Véronique L'hoste
Stigmates © Véronique L'hoste
Stigmates © Véronique L'hoste
Stigmates © Véronique L'hoste
Stigmates © Véronique l'hoste
Stigmates © Véronique L'hoste
Stigmates © Véronique L'hoste
Stigmates © Véronique L'hoste

 

Patrick Delat : « le début d’un travail qui donne envie de voir la suite, de belles promesses esthétiques, les images contemporaines dialoguent très bien entre elles, le jeu entre images d’archives et récentes est parlant, mais peut-être un peu bavard … ce n’est que le début . »

Marie Mons : « J’aime les photos brulées, chiffonées… qui font agréablement, le lien avec les archives. De très beaux paysages signifiants, attention toutefois aux redites. »