L’IMPRIMERIE LYONNAISE, TOUT UN ART

par Wipplay
© Musée de l’imprimerie et de la communication graphique - Lyon

Jusqu’au 23 septembre, Wipplay s’allie à l’Institut National des Métiers d’art, l’EPV, le Réseau des Grands Sites de France et The Frenchip pour vous proposer le concours photographique L’ART EST LA MATIÈRE.

Cette thématique est une invitation à photographier la matière entre les mains des artisans d’art. Cette semaine, nous vous présentons l’art et la matière de la typographie lyonnaise dans cet entretien avec Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie du Musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon depuis 1999.

© Musée de l’imprimerie et de la communication graphique - Lyon

Pourquoi ce Musée de l’imprimerie et de la communication graphique à Lyon ?

La ville de Lyon est l’un des berceaux de l’imprimerie en France. Si la technique de l’imprimerie en caractères mobiles apparaît d’abord à Paris avec la première imprimerie, c’est dans la région de Lyon que va fortement se développer cet art. C’est le berceau de grandes figures comme Etienne Dolet et Sébastien Gryphe, deux maîtres en la matière qui ont su développer l’art des matières nécessaires à l’imprimerie.

© Calligraphie et Enluminure - Musée de l’imprimerie et de la communication graphique - Lyon

Est-ce que la géographie de cette région a un rapport avec le développement de cet artisanat ?

Le travail de l’imprimeur et du typographe se concentre autour de la maîtrise de trois types d’objets que sont les caractères mobiles, le papier et l’encre. 

À la fin du xve siècle, Lyon a produit le tiers des éditions françaises, soit 1140 environ. L’un des atouts de la ville de Lyon pour l’essor de l’imprimerie était sa proximité avec les papetiers. Dans le massif Central notamment, l’eau, pas trop calcaire, permet de fabriquer du beau papier. Les intéressés peuvent se rendre au Moulin Richard de Bas, à Ambert.

© Musée de l’imprimerie et de la communication graphique - Lyon

Quelles sont les autres matières qui interviennent dans le travail du typographe ?

Les caractères mobiles, centraux aussi dans l’artisanat de l’imprimerie, sont le résultat de l’alliage de 3 matières. Il s’agit d’une alchimie toute particulière entre le plomb, l’étain et l’antimoine. Chacune a un rôle bien précis de liant, de durcissant, ou pour permettre la malléabilité. 

Les premiers livres imprimés, Les incunables, étaient tous imprimés en noir, le rouge étant rajouté à la main. Cette encre noire, spécifique à l’impression typographique, était obtenue par mélange de matière colorante, le pigment, et d’un véhicule, l’huile. Dans le cas de l’encre noire, le pigment naturel était issu de bois de vigne brûlé (noir de vigne), de noir de suie (noir de fumée) etc. Ce mélange obtenu doit être pâteux pour rester sur le relief des caractères métalliques, ne pas couler dans les creux. Aujourd’hui encore, l’encre d’imprimerie demeure épaisse par rapport à l’encre de calligraphie, qui elle est plutôt liquide.

© Calligraphie et Enluminure - Musée de l’imprimerie et de la communication graphique - Lyon

Où en est la pratique de la typographie aujourd’hui ?

Au Moyen Âge, calligraphier un seul exemplaire d’une bible requerrait 3 ans de travail. L’invention de la typographie en 1450 par Gutenberg a permis l’impression à l’identique de ces mêmes bibles. Certes, il lui aura fallu 3 ans de travail, mais le nombre d’exemplaires obtenus était considérable pour l’époque. L’on parlera bientôt de l’imprimerie comme un artisanat. L’art Noir, comme on le surnomme, connaîtra de nombreux changement au fil des siècles : Révolution industrielle avec la mécanisation des procédés de composition et d’impression ; révolution informatique. Néanmoins, le procédé ancestral sert toujours de base à nos méthodes actuelles, notamment par son vocabulaire (police, corps…). Mon souhait aujourd’hui est de partager mon savoir-faire de typographe, de transmettre cet artisanat d’art, de l’enseigner, et ainsi perpétuer une longue tradition qui s’insère naturellement dans la technologie d’aujourd’hui et de demain.

© Musée de l’imprimerie et de la communication graphique - Lyon

Alors n’hésitez pas à pousser les portes de l’atelier pour aller voir Fernande et les autres typographes et imprimeurs de France ! Lors de vos visites, capturez ces artisans qui travaillent des matières nombreuses et maîtrisent les alchimies entre elles et partagez vos images au concours L’Art Est la Matière !