PHOTOGRAPHIER LA MATIÈRE : L’OEIL DE SOPHIE BRÄNDSTRÖM, JURY DU CONCOURS

par Wipplay
© Sophie Brändström

Jusqu’au 23 septembre, Wipplay s’allie à l’Institut National des Métiers d’art, l’EPV, le Réseau des Grands Sites de France et The Frenchip pour vous proposer le concours photographique L’ART EST LA MATIÈRE. 

Cette thématique est une invitation à photographier la matière entre les mains des artisans d’art. Cette semaine, nous sommes partis à la rencontre de Sophie Brändstörm, photographe et membre du jury au concours, qui a réalisé un documentaire photographique, en argentique, dans les manufactures de France. 

© Sophie Brändström

1/ Pourquoi avoir choisi de prendre en photo les artisans avec ce documentaire MANUFACTURA

J’ai réalisé ce documentaire car j’avais envie d’exprimer ma gratitude à ces artisans par rapport à ce qu’ils font, ces choses qu’ils fabriquent, qui sont séculaires, et qui ont une durée de vie incroyable. J’ai capturé les matières et outils qu’ils utilisent, mais ce que je voulais montrer aussi, c’est leurs visages.

Quand on regarde les photos du concours L’ART EST LA MATIÈRE, on voit souvent la matière et les mains, mais rarement les visages. Les artisans sont des personnes passionnées, avec des savoir-faire qui se transmettent parfois dans la famille, de génération en génération. 

Je travaille beaucoup sur l’humain et j’aime le rapport aux gens, j’aime les photographier. 

Pendant les 2 ans qu’ont duré ce reportage, j’ai demandé à avoir carte blanche sur les lieux que je choisissais. Cela m’a amenée à partir dans plusieurs lieux : les Gobelins, Bernardaud, etc – en fonction des manufactures que je voulais suivre. J’ai été très bien reçue dans les manufactures car c’est une nouvelle façon de regarder leur travail et ça c’était assez intéressant aussi.

© Sophie Brändström - MANUFACTURA

2/ Pourquoi avez-vous choisi de travailler ce documentaire avec l’argentique ? 

Je me considère un peu comme artisan en tant que photographe, car j’ai commencé la photo avec l’argentique. On développe nous-même, on imprime. Cela rejoint le côté tactile, que je trouve agréable et qu’on a un peu perdu avec le numérique. Pour ce documentaire, avec l’argentique, j’étais limitée à l’iso de mon film, à savoir 400. J’aime bien ce côté plus lent, on réfléchit, on peut prendre le temps de se poser des questions. 

 

3/ Quelle est la matière la plus chouette à prendre en photo ? Celle qui a été la plus facile ou difficile à mettre en valeur ? 

Il n’y a pas que la matière, il y a aussi l’environnement, la structure : tout est un challenge. Par exemple, les verriers sont obligés de chauffer le verre à des températures très élevées, le verre brille et il est chaud, ce qui nous contraint à garder une certaine distance. C’est aussi compliqué pour les filatures car les fils sont très fins, mais il faut quand même réussir à les faire apparaître sur la photographie. 

Il y a tellement de métiers différents pour fabriquer un seul objet que c’est difficile de dire ce qui a été plus facile ou plus compliqué. Je pense que la difficulté se trouve dans la nécessité de s’adapter à toutes les circonstances. Il y a aussi la question de la lumière car je travaillais en lumière naturelle, et il y avait parfois des endroits très sombres. Enfin, il y avait le timing : attendre que le mouvement de l’artisan soit plus lent pour pouvoir capturer le moment, car je voulais faire des portraits posés mais aussi en situation.

© Sophie Brändström - MANUFACTURA

4/ Si vous deviez avoir une carrière d’artisan, laquelle  choisiriez-vous ? 

Dans le domaine des manufactures, ce serait la porcelaine. C’est plus doux, plus rond. Cela répond plus vite au traitement et c’est moins long. Par exemple aux Gobelins, ils mettent 4 à 5 ans pour faire les tapisseries : je ne suis pas sûre d’avoir cette patience. 

 

5/ Pourriez-vous nous donner quelques petits tips pour photographier la matière ? 

Quand je photographie les artisans, j’essaie de m’oublier et de ne pas trop m’imposer dans la photo. Je ne cadre pas toujours de la même façon pour ne pas avoir un style trop précis. Je veux m’adapter au lieu et aux gens, plutôt que les gens d’adaptent à moi et à mon choix photographique. Mon objectif : saisir le moment le plus naturel possible. 

© Sophie Brändström - MANUFACTURA

Participez au concours photo L’ART EST LA MATIÈRE ouvert jusqu’au 23 septembre !