La France de Raymond Depardon

La France de Raymond Depardon, c’est un travail de curiosité et d’amour pour ce pays qui l’a vu naître. « Durant ces six années, j’ai réalisé que la France des sous-préfectures était peu photographiée. J’avais fui cette France-là qui m’a vu naître, je me devais bien de lui consacrer du temps pour essayer de mieux la comprendre. »
De ce travail est né l’ouvrage La France de Raymond Depardon qui a aussi fait l’objet d’une exposition présentée par la Bibliothèque Nationale de France, du 30 septembre 2010 au 9 janvier 2011.

Un repérage de 70 000 km
– Lui qui connaissait mieux Djibouti que la Meuse –

Entre 2004 et 2010, Raymond Depardon photographe, réalisateur, journaliste et scénariste français reconnu, part sur les routes dans une petite caravane. Il parcourt autour de 70 000 km, sillonnant cette France qu’il connait si peu … Il dit à ce sujet qu’il : « connait mieux Djibouti que la Meuse ».

Il se lance alors dans la découverte de ces coins de France inconnus. Il capture des lieux vides mais porteurs d’histoires et de symboliques. Il a immortalisé la simplicité des villes et campagnes françaises, livrant un témoignage sans concession sur l’explosion des villes et villages tout au long de cette seconde moitié du XXème siècle. D’un côté des paysages bucoliques, de l’autre des images de ces verrues ayant poussé aux abords des villes : parkings, immeubles sans charme bâtis le long du littoral et ainsi de suite. Il s’est totalement imprégné des lieux, se concentrant sur les sous-préfectures ces espaces jusque-là fuis par l’artiste. Désormais saisi du désir de les comprendre, il souhaite capter la relation de l’homme à son espace de vie.

A la recherche du réel et de l’humain
– Une histoire quotidienne commune –

Depardon s’interroge sur le mot « français » et sa signification. Par ses origines ancrées dans le terroir, des parents agriculteurs. Il aime cette vie proche du réel, sa photographie recherche avant tout le naturel.

Raymond Depardon photographie principalement des lieux vides, peu de silhouettes ou de portraits dans ses images. « J’ai eu envie de revenir au silence de la photographie », écrit-il dans la préface de son livre, et si les Français sont bien là, c’est souvent en creux, dans ces lieux qui témoignent d’une « histoire quotidienne commune », les cafés, bars-tabac, bureaux de poste, écoles, cinémas, boulangeries. Le parti-pris est évidemment artistique, il est aussi politique, montrant — sans discours pesant, dans le signifiant photographique — une identité française qui s’affirme dans la diversité, le mélange. C’est la France qui se déploie sous nos yeux, un territoire traversé et arpenté, souvent banal, parfois difficile à situer.