Le verre dévoile toutes ses facettes sous l’oeil expert d’Eve George

par Wipplay
© My-ly vu

Du 15 juin au 27 août 2022, nous vous invitons à participer au concours À TRAVERS pour photographier toutes les illusions du verre et du cristal. Avec la Fédération du Verre et du Cristal, nous voulons que cet appel à la création artistique s’adresse à tous les publics, aussi bien aux maîtres verriers, aux professionnels du secteur et à tous les amateurs de photographie et de jeux de lumière.

Pour en comprendre toutes les subtilités, les nuances mais aussi les techniques, voici les images provenants du concours A TRAVERS commentées par Eve George, designer et souffleuse de verre à l’Atelier George. Son travail se décline autour de luminaires, art de la table et carrelage mural, tous façonnés par les techniques du verre en fusion, à la main. Son expertise nous permet de décrire les techniques et méthodes de fabrication des objets en verre.

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Comprendre les reflets et les formes
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“Une fausse facture artisanale !” – ©Regard26

© Regard26

« Ce qui est intéressant dans cette image c’est que cette bouteille donne l’impression qu’elle est de facture artisanale. Or, elle est totalement industrielle ! Le processus de production est le suivant : un poids calibré de verre en fusion, arrive à une certaine vitesse dans un moule. Une première projection d’air permet d’en former le col. Le tout est basculé dans un moule de finition. Une deuxième projection vient alors plaquer la matière contre les parois, pour finir de former la bouteille.

L’eau présente dans la bouteille laisse entrevoir un effet loupe qui me rappelle les dentellières d’autrefois. Elles utilisaient d’immenses globes de verre remplis d’eau qu’elles posaient sur leur table et s’en servaient comme une loupe pour travailler la dentelle avec précision.”

“Une carafe en pièces attachées” – ©Camillad

© Camillad

« La forme de cette carafe en verre borosilicate est assez standard. Cependant, sa technique de production – la verrerie au chalumeau – est loin d’être standard. Elle a notamment permis de développer des verres pour les expérimentations scientifiques : non seulement le verre est neutre chimiquement, mais le Pyrex résiste à une très haute température (300°C).

Pour ce pichet, ce qui est équivoque, c’est la façon dont la pièce est montée. Premièrement par une première forme soufflée pour créer le contenu, puis avec l’ajout de l’anse (fabriquée séparément) grâce à un assemblage par soudure. La matière est chauffée localement, cela permet d’assembler, de modifier, de former plus précisément. Les verriers « au chalumeau » peuvent se permettre d’être beaucoup plus précis dans leur création. »

“L’effet de mouvement” – ©Sweetie

© Sweetie

« Ce modèle de verres Saint-Louis se reconnaît aisément grâce à sa paraison (le ballon du verre) « côtelée ». Le décor derrière vient créer le jeu d’optique dans l’image. Cette fois, il ne vient pas faire loupe, mais invite au mouvement.

Ici, le processus de création est réalisé à la main. Il est “taylorisé manuellement”. Pour les différentes étapes : le maître verrier va souffler au moule pour fabriquer la partie du buvant. Un second verrier va lui apporter une portion de verre supplémentaire, puis un autre vient « tirer » la jambe (pour former la tige du pied). On apporte ensuite une autre portion de verre, qu’il faut aplatir et tourner très vite afin de finir de former le pied. Toute cette chaîne est extrêmement bien dynamisée et en règle générale, quand un artisan est spécialisé dans cette tâche, il reste à ce poste.

Le cristal chaud présente une grande capacité de mémoire de forme, par conséquent, la marque d’une erreur peut être présente tout au long du processus. C’est un avantage qui est utilisé dans l’exemple des verres Saint-Louis. Ces détails sont des textures/décors optiques qui se forment au tout début du processus. On plonge la bulle de verre dans des moules à cannelés, des stries s’impriment dans le verre pour ensuite être travaillées au souffle. Ici, les trois verres ont été moulés de la même façon, mais travaillés différemment, donc le résultat final n’admet pas les mêmes courbes. »

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Saisir les dimensions artistiques
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“Les bouteilles teintées dans la masse” – ©My-ly vu

© My-ly vu

« On peut clairement le voir plus facilement, ces trois bouteilles sont réalisées industriellement. Elles sont en verre, teintées dans la masse.

Pour colorer du verre, cela se passe en amont, d’ailleurs les chaînes de production sont généralement composées par couleur : une chaîne / une couleur. Pour colorer du verre il faut ajouter aux composés de base qui sont : la silice, un fondant (souvent de la soude) et des stabilisants (dérivés du calcaire ou de la chaux), des oxydes métalliques (poudre de métal). Par exemple, pour réaliser la couleur verte il faut de l’oxyde de fer. Pour la couleur rouge, du chlorure d’or et pour le bleu, de l’oxyde de cobalt.”

“Une statue entre fonte et cire perdue” – ©Rico57

© Rico57

« Cette image est délicate. La statue féminine au second plan est composée de verre plein teinté. L’occasion de raconter les différentes techniques pour former une statue en verre.

Soit la matière est pressée/écrasée dans un moule en fonte, ce qui permet de produire beaucoup d’exemplaires à la chaîne et d’avoir des détails similaires. Les finitions (surplus de verre, le satiné, le polissage, etc.) sont alors réalisées à la sortie du moule. C’est une des qualité de savoir-faire de la maison Lalique.

Soit on utilise la technique de la pâte de verre (cette appellation est d’ailleurs souvent mal employée, pour qualifier un verre qui n’est pas transparent). Cette dernière permet de façonner des sculptures grâce à des moules à la cire perdue. Les pièces deviennent des tirages uniques car chaque cire est égale à une coulée. Pour obtenir un tirage, il faut, en quelque sorte, faire couler la matière dans le moule. »

“La fenêtre et le vitrail, une sacrée histoire” – ©BenC

« Si la fenêtre et le vitrail sont tous deux composés de verre plat, ces deux objets présents à l’image ont leur propre singularité.

Pour la petite histoire, avant l’ouverture des manufactures de glaces, le verre des fenêtres était soufflé à la main selon 2 techniques : soit en soufflant des disques de verre (appelés cives) formés en tournant très vite une sphère – cette technique donne des fenêtres fond de bouteille ; soit en soufflant de très gros cylindres (appelé manchons) dont on coupe le col et le fond afin de fendre à la verticale la matière.

Quant au vitrail, son grand puzzle est créé par un artisan qui découpe à la main des éléments de verre et les assemble avec un montage au plomb. Les lignes forment de petites gorges dans lesquelles vient s’insérer le verre. C’est un grand travail de précision et de patience. Pour apporter les nuances et les couleurs que l’on observe à l’image, l’artisan a peint la surface du verre avec de l’émail avant de le faire cuire. »

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