« Le verre, un matériau magique » par Alice Lebourg

L’Organisation des Nations Unies a déclaré que 2022 serait l’Année du Verre. Pour célébrer l’événement, Wipplay s’est associé à la Fédération du Cristal et du verre pour vous proposer le concours photo À TRAVERS.

Pour l’occasion, l’artiste verrière Alice Lebourg – jurée au concours – nous raconte son métier, sa vocation et ses inspirations. Cette matière aux multiples reflets et transparences constitue un sujet photographique à part entière, évoqué avec passion par Alice.

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Comment êtes-vous venue aux métiers du verre ? Quel est votre lien avec cette matière ?
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Que ce soit la musique, le cinéma, les arts plastiques ou les travaux manuels, j’ai toujours eu la chance de pouvoir explorer avec mes parents et ma famille l’univers artistique. Après une licence de biologie, cette facette s’est accentuée. J’ai alors pris quelques années pour expérimenter différents matériaux (verre, céramique, etc.) en prenant des cours hebdomadaires. Ensuite, j’ai commencé une formation à temps complet en 2008 au CERFAV (Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verrier) pendant 2 ans.

Le design minimaliste scandinave a toujours été une source d’inspiration. Lorsque j’ai obtenu une bourse pour travailler 6 mois dans un atelier européen, je me suis naturellement dirigée vers le Danemark. J’ai ensuite travaillé au sein de plusieurs ateliers, avant de commencer une licence à la Royal Danish School of Design sur l’île de Bornholm, en 2012.
Depuis, je parfais ma maîtrise technique du matériau verre en voyageant et en exerçant mon métier dans divers ateliers de soufflage de verre et par le biais de résidences d’artiste.

Le verre est un matériau « magique », plein de contrastes : il peut être transparent ou opaque, brûlant ou coupant, malléable ou rigide… Il existe un nombre incroyable de possibilités dans son travail. Bien qu’ayant un penchant indéniable pour le soufflage – cette performance de l’instant, je reste ouverte à toute technique qui permettrait de répondre aux besoins d’un projet.

Le verre, son travail et son apprentissage sont infinis et ne s’arrêtent jamais.

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Comment fonctionne votre technique de moules en papier ?
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En 2021, j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour une résidence d’artiste en duo aux Ateliers du Faire de la Fondation Martell à Cognac. Avec la plasticienne Janique Bourget, nous avons expérimenté quelques pistes de travail sur l’association verre/papier.

Janique a mis au point des structures de papier en volume qui m’ont servi de base exploratoire pour réaliser de nouvelles pièces de verre. Je les ai utilisées comme moule pour y souffler du verre et pouvoir prendre l’empreinte du motif formé par les structures 3D. Après plusieurs essais – et autant de déceptions – nous tenions enfin une piste. Mais plus que le résultat, finalement, c’est la performance et la combustion du papier par le verre en fusion qui nous ont le plus fascinées.

 

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Quelles sont vos sources d’inspiration ?
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L’inspiration vient de mon environnement. L’architecture, la nature, et la contemplation de ce que j’appelle « les petits phénomènes » : ces instants éphémères comme une lumière particulière, des bourgeons… Le processus de fabrication et les erreurs font aussi partie de mes inspirations, tout comme les contacts et échanges avec d’autres artistes, verriers ou non.
Je pense que mon passé scientifique est également présent dans mes recherches. Quand je suis en résidence ou dans un lieu avec accès à du matériel, je produis énormément de tests à partir d’une idée. C’est plus compliqué quand je suis en dehors de l’atelier.

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Pourriez-vous nous raconter un objet en particulier ?
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Il y a cet objet obtenu alors que j’étais à la recherche d’une technique pour créer une texture chair de poule. Je ne l’attendais pas du tout, c’est un peu « When the process gives you treasure ». L’objet est l’illustration parfaite de ma façon de travailler, avec comme mots d’ordre l’empirisme et la sérendipité.

La façon dont la lumière traverse le verre et sa texture imite l’eau. Cet objet est toujours un test, je n’ai pas été plus loin dans cette voie, mais tous ces petits tests rassemblés au sein de mon atelier sont comme une bibliothèque du possible. Peut-être resteront-ils ainsi, des prototypes, ou peut-être qu’un jour ils seront utilisés dans un projet.