L’Opéra Comique souffle le SON DU SILENCE

par Wipplay
© Stefan Brion - Opéra Comique

Le concours photo LE SON DU SILENCE – ouvert jusqu’au 8 mars – est réalisé en partenariat avec l’Opéra Comique. Cette thématique s’inspire de trois pièces présentées cette année, à savoir : L’inondation par Francesco Filidei et Joël Pommerat (du 27/02 au 05/03) ; Carmen par Georges Bizet (du 24/04 au 04/05) et Breaking the waves par Missy Mazzoli et Royce Vavrek (du 28/05 au 31/05).

Pour inspirer de futurs participants au concours, nous avons posé quelques questions à Joseph Ravasi (Opéra Comique) pour qu’il nous en dise davantage sur ces pièces et leur mise en scène.

What is past is prologue - chapter I © Alice Marie Brigitte

Quels types d’images associez-vous à chaque pièce ? Pourriez-vous décrire l’univers visuel de chacune d’elle ?

“Chacun des trois opéras que nous citons ici est singulièrement différent dans l’univers qu’il convoque avec tout de même des points de convergence.

L’Inondation tout d’abord, est un mystère. Là où la nouvelle éponyme se passait en Russie, Pommerat a décidé de ne pas préciser où se déroule l’action. La quasi-totalité de l’opéra se déroule dans trois appartements superposés les uns sur les autres, que le spectateur peut voir en un coup d’œil. Il y a donc un regard voyeuriste sur le quotidien des personnages, chaque micro-action qui semble anodine, vient soutenir l’intrigue principale et créer de nouvelles lectures. Ce choix de mise en scène nous interdit de véritablement comprendre où l’on se situe. On sait juste que les eaux ne sont pas loin, et que le climat n’est pas très accueillant, il semble faire froid et humide, tout est « glacial ».

Une ambiance que l’on retrouve dans Breaking the waves. L’action ici se déroule sur les côtes écossaises, il est question de plateformes pétrolières, de bateaux et de marins. Un univers visuel là encore très sombre et froid. A contrario, Carmen nous installe dans la chaleur andalouse. La lumière est plus chaude, on sent que nous sommes en Espagne. On danse la séguedille, on fait de la corrida. Pour autant, là encore, nous sommes dans un monde ouvrier, avec les usines de tabac, qui n’est pas dénué de violence. 

Je dirais que ces trois opéras ont en commun d’être – d’une manière ou d’une autre – traversé par de la violence, qu’elle soit symbolique ou physique. Nous sommes dans des mondes violents, principalement régis par les hommes, dans lesquels les femmes, au centre de ces histoires, tentent d’évoluer tant bien que mal, de faire entendre leur voix, de s’émanciper de la norme. Cela fonctionne plus ou moins bien évidemment, et la finalité est loin d’être positive dans les trois cas.”

L'Inondation © Stefan Brion - Opéra Comique

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les costumes, les décors, l’humeur générale de chaque pièce ?

“Là encore, un parallèle peut être fait entre L’Inondation et Breaking the waves. Les costumes des deux opéras sont dans un hyperréalisme poussé. Si les climats semblent sensiblement proches, le rapport au travail vient aussi apporter des similarités. En effet, si l’un travaille sur une plateforme pétrolière en tant qu’ouvrier, l’autre part chaque matin à l’usine. A l’instar des hommes, les femmes sont le plus souvent dans des vêtements ordinaires, dans une raideur simple et austère. Les sociétés dans lesquelles évoluent ces personnages sont rigides et normées. Les couleurs sont sombres, ou tout du moins neutres.

Carmen, bien qu’ouvrière elle aussi, vient ici faire un contrepoint. La production que nous aurons au mois d’avril est une création, nous ne pouvons donc pas dévoiler les choix de mise en scène. Cependant, l’histoire originel se déroule en Andalousie au XIXème siècle. Outre le changement radical de température face aux deux autres pièces, nous changeons de culture aussi. La société est toujours rigide, mais nous sommes face à une héroïne rebelle et sulfureuse, qui tente coûte que coûte de conserver sa liberté. L’atmosphère est donc plus chaude, le rouge est omniprésent, la peau plus visible. Il règne une ambiance plus festive, mais ce n’est pas pour autant que l’histoire est moins tragique…



New Image © Charlene Le Du

☞ N’hésitez pas à lire plus de détails sur la programmation directement sur le site de l’Opéra Comique.
☞ Si l’univers des pièces vous inspire, n’hésitez pas à partager vos interprétations visuelles au concours LE SON DU SILENCE 🥰 !